Aménagements et impacts environnementaux du stationnement

1 avril 2019 Articles de fond

Aménagements et impacts environnementaux du stationnement

La construction d’un nouveau projet immobilier signifie que de nouvelles personnes fréquenteront notre quartier et qu’elles auront probablement besoin de nouveaux espaces de stationnement. Comment, alors, en limiter l'impact ?

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À la base, il est essentiel de se questionner de manière fondamentale sur la façon de gérer la problématique du stationnement pour assurer la cohérence des interventions de densification, notamment en ce qui a trait à la réduction de la dépendance à l'automobile. Avant de réfléchir à la forme et à l’aménagement du stationnement, il faut donc s’assurer que le nombre de cases prévues au projet a été calculé en prenant en compte l’offre disponible ou potentielle de transports alternatifs à l’automobile. Le projet prend-il en considération toutes les solutions possibles pour rationaliser l’offre en stationnement associée aux activités qu’il propose? Prévoit-il une gestion et une utilisation efficace du stationnement?

La réduction de l’offre en stationnement au sein du projet immobilier est un premier pas essentiel vers un aménagement plus durable de nos milieux de vie. 

Repenser la forme et l'aménagement du stationnement

Une fois que le nombre de cases nécessaires est fixé, on peut s’interroger sur la forme et l’aménagement de l’aire de stationnement. Cette stratégie devrait être mise en place en dernier, une fois que le besoin de case est avéré et que les modalités de sa gestion ont été définies. Autrement, elle a tendance à occulter et remplacer les mesures de gestion de l’offre et de la demande.

En effet lorsqu'ils sont aménagés sous la forme de vastes surfaces asphaltées, les stationnements ont des impacts environnementaux négatifs importants et contribuent particulièrement à la création d’îlots de chaleur urbains (ICU). Les ICU sont des espaces urbanisés où les températures sont plus élevées que dans les secteurs environnants. Ils sont d’ordinaire caractérisés par une forte présence de surface minérale (asphalte, béton, gravier, etc.) et une faible proportion de végétation. Les températures parfois accablantes qui découlent de la présence des ICU peuvent créer certains malaises et exacerber les maladies chroniques existantes.

Présentée sur le site du gouvernement du Québec, cette carte a pour but de « Localiser les îlots de chaleur et de fraicheur urbains, et présenter un gradient de température de surface ». Source : Québec. INSPQ, 2019

En plus d’être associés à des problèmes de santé publique, les stationnements asphaltés sont considérés comme des nuisances environnementales. En effet, ils sont composés de matériaux qui empêchent l’infiltration de l’eau de pluie dans les sols. Cette imperméabilité modifie le parcours naturel des eaux pluviales et augmente l’apport en eau dans les systèmes d’égout, mettant de la pression sur les infrastructures municipales qui sont parfois déjà surchargées ainsi que sur les milieux naturels récepteurs (ruisseaux, rivières, lacs, etc.), ce qui peut conduire à des inondations.

Avec l’intensification des épisodes de canicule et de pluies abondantes, il devient essentiel de repenser l’aménagement des stationnements, surtout lorsqu’un nouveau projet immobilier vient s’implanter dans notre milieu de vie.

Quelles sont les solutions à notre disposition pour aménager les aires de stationnement de façon durable?

La forme du stationnement

Il existe deux principales façons d’aménager une aire de stationnement : en surface (à l’extérieur) ou en structure (étagé ou souterrain). De façon générale, ce sont les stationnements de surface et asphaltés qui contribuent le plus à la formation d’ICU. Le bitume absorbe les rayons du soleil, augmente la température ambiante et influence la qualité de l’environnement. Dans une moindre mesure, le toit d’un bâtiment abritant un stationnement en structure peut également engendrer le même genre de phénomène (lorsqu’il y en a un - parfois, il y a aussi un stationnement en toiture).

Ainsi, qu’il s’agisse d’un stationnement de surface ou d’un stationnement en structure, la façon de l’aménager est déterminante sur l’impact qu’il aura dans notre quartier.

L'aménagement du stationnement de surface

D’abord, il est possible d’améliorer le bilan des stationnements de surface extérieurs de plusieurs façons. Il est par exemple possible de végétaliser certaines parties du stationnement en y plantant des arbres, et en créant des aménagements paysagers permettant d’assurer la gestion des eaux de pluie sur le site et d’empêcher le déversement vers les égouts municipaux. La végétation offre des gains importants de fraîcheur grâce à l’humidité qu’elle conserve en place et à l’ombre qu’elle projette.

Il est aussi possible de rendre la surface du stationnement perméable, au moyen de gazon renforcé ou de pavé alvéolé, ce qui favorise l’absorption de l’eau de pluie dans le sol. D’autres matériaux de couleur pâle tels que le béton ou des enduits de couleur claire améliorent également la performance thermique des aires de stationnement en abaissant la température emmagasinée dans le matériau de surface. Pour ces interventions et bien d'autres, la norme BNQ 3019-190 et la certification Stationnement écoresponsable offrent des cadres et des références précis aux concepteurs et décideurs. 

Fosses végétalisées, Highland Garden, Denver. Source : Vivre en Ville

Pavé alvéolé et réflexion sur les cheminements piétons dans l’aire de stationnement, afin d’assurer la sécurité des piétons et des automobilistes qui y circulent. Quartier Kleber, Côte Basque-Adour. Source : Vivre en Ville

L'aménagement du stationnement en structure

Les stationnements étagés ont l’avantage de réduire la surface au sol destinée aux voitures. Seulement, leurs matériaux de revêtement extérieur ne sont pas toujours choisis en fonction de leur capacité à réduire l’inconfort thermique du milieu dans lequel ils sont construits. Il peut donc être intéressant de combiner cette forme de stationnement avec d’autres stratégies telles que la construction d’un toit vert, la végétalisation d’un mur ou l’aménagement paysager au pourtour du bâtiment.

Par ailleurs, bien que le stationnement souterrain soit dispendieux, il permet de limiter considérablement les impacts des ICU en réservant des zones de conservation ou de verdissement à proximité du projet. Ces espaces extérieurs de qualité peuvent être aménagés pour contribuer, d’une part, à la fraîcheur ambiante de l’air et, d’autre part, à la mise en valeur du projet immobilier. Pour limiter les coûts de construction, il peut être utile de revoir, à la baisse, le ratio de cases de stationnement exigé en fonction, par exemple, de la proximité du transport collectif, de la présence d’un service de voiture en autopartage ou encore des cibles de densification et d’amélioration de la marchabilité du secteur visées à court terme.

Végétation aux abords de stationnements en structure. ZAC Seque, Bayonne, France. Source : Vivre en Ville

Planifions le stationnement pour qu'il ait des impacts positifs sur nos milieux de vie

Une planification soignée des aires de stationnement et de leurs espaces végétalisés aide à limiter les impacts d’une hausse des températures. Il est possible d’appliquer un principe de gestion durable du stationnement aux nouveaux projets immobiliers pour atténuer ou éliminer des ICU, voire mettre en place des îlots de fraîcheur urbains. Les bénéfices environnementaux et sociaux de ces améliorations ne pourront que rendre notre milieu de vie plus résilient et confortable.