13 mars 2018 Articles de fond
Les transformations, toujours profitables?
L’ajout d’une piste cyclable, l’aménagement d’un parc ou encore la plantation d’arbres, par exemple, sont des interventions qui permettent d’améliorer significativement la qualité d’un milieu de vie. De la même manière, l’ouverture de nouveaux commerces ou l’implantation d’une station de transport en commun facilitent la vie des résidents d’un quartier. Bien qu’elles soient souvent accueillies de manière positive, ces interventions ont toutefois une contrepartie importante: elles ont tendance à augmenter la valeur des propriétés, ce qui se traduit souvent par une hausse du coût des loyers.
Si on est propriétaire, cette tendance peut être vue d’un bon œil, puisque notre investissement prend de la valeur. Elle devient toutefois plus problématique lorsque la valeur de notre propriété explose et qu’il est difficile de trouver preneur sur le marché immobilier au moment de la mise en vente.
En tant que locataire, cette situation peut également poser problème, puisqu’elle exerce une pression sur nos frais de logement. Il se peut que nous nous retrouvions un jour confrontés à un choix difficile : nous serrer la ceinture ou bien quitter notre quartier. Il devient donc tout à fait légitime de se demander : est-ce que l’amélioration des milieux de vie équivaut toujours à une augmentation des prix? Est-ce qu’accepter cette amélioration nous obligera inévitablement, à plus ou moins long terme, à déménager?
Abordabilité : qu’en est-il réellement?
Les transformations qui rendent un quartier plus attrayant, soit par ses activités ou son potentiel de développement, risquent d’exercer une pression sur les populations qui y résident depuis longtemps, ou encore d’empêcher la venue de nouveaux ménages qui n’ont pas les moyens de s’y installer.
Un quartier qui s'améliore peut susciter des craintes liées à l'embourgeoisement. Source : Vivre en Ville
Pour limiter ces contrecoups, il importe d’assurer la présence d’un nombre adéquat de logements présentant différentes caractéristiques (grands logements pour les familles, logements à proximité des commerces pour les personnes âgées, etc.) à des prix abordables. Au Canada, un logement est considéré comme « abordable » si les frais de logement (loyer ou hypothèque) correspondent à moins de 30% du revenu avant impôt d’un ménage. Toutefois, au Québec, c’est environ un ménage sur quatre qui paie des sommes supérieures à 30 % de ses revenus pour se loger. Cette situation ne touche pas seulement les familles défavorisées. Des gens de tous âges et de tous milieux peuvent la vivre: étudiants, personnes âgées vivant seules, mères ou pères monoparentaux, jeunes familles, nouveaux arrivants, etc.
Il existe différentes façon de s’assurer qu’un parc de logements demeure abordable à travers toutes les transformations qui touchent un quartier.
Des outils pour assurer la construction et la sauvegarde de logements abordables
Plusieurs types d’outils et différentes formes d’aide existent en la matière. Par exemple, certains outils réglementaires permettent d’agir à l’étape de la planification de la ville. En effet, la loi permet aux municipalités québécoises d’obliger la construction de logement abordable au sein de nouveaux projets immobiliers. D’autres outils soutiennent la construction de logements abordables par l’octroi de subventions. Enfin, les divers paliers de gouvernement peuvent aussi soutenir les ménages lors de l’achat d’une habitation ou lors du paiement du loyer. Ces dernières formes d’aide se concrétisent, par exemple, sous forme d’allocations ou d’assouplissement des règles d’accession à la propriété.
Cohabitat Québec, un exemple de mode de promotion et d'habitat alternatif. Source : Carl Perreault
Les comités locaux d’aide aux locataires et les autres formes de mobilisation ou regroupements associatifs peuvent également soutenir les individus dans leurs démarches et leurs questionnements. Au Québec, les coopératives d’habitation constituent une option intéressante pour l’offre de logements locatifs abordables. Par ailleurs, de nouvelles formules d’accès à la propriété apparaissent depuis peu, comme l'autopromotion ou la capitalisation partagée. La Régie du logement met à la disposition des citoyens un outil de calcul permettant de démystifier les composantes participant à une augmentation des coûts du loyer, ainsi que des précisions sur les procédures à suivre et les recours possibles pour les locataires et les propriétaires.
Ces outils et actions sont importants afin de veiller à ce que davantage de logements sont construits pour répondre à la demande, et que ceux qui existent puissent être maintenus.
Accueillir les transformations et s’assurer des retombées positives
L’amélioration de la qualité des aménagements et de l’offre commerciale d’un quartier ont tendance à faire augmenter le prix des logements. Cependant, ce n’est pas en se fermant à ces transformations, mais bien en les accueillant et en prévoyant un nombre adéquat de logements pour tous, que les effets potentiellement négatifs des transformations seront contrés. Les programmes de soutien permettent de garder en place les populations existantes; la construction de nouveaux logements assurant la présence d’options abordables permet d’accueillir de nouvelles populations.
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